Pourquoi retarder les chaleurs de poulinage ?
Si on considère le choc que reçoit l’utérus pendant la grossesse, le fait qu’une jument puisse concevoir à nouveau une quinzaine de jours seulement après le poulinage est incroyable! Si, une nouvelle conception est réalisée en 5 jours après l’ovulation, c’est qu’elle a lieu dans un oviducte, il y a toujours 5 jours de « break » après l’ovulation. Une étude a prouvé que le taux de conception est plus important chez les poulinières qui ovulent plus de 10 jour après le poulinage que chez les poulinières qui ovulent avant. La réponse à la question «Pourquoi retarder les chaleur poulinage ? » est évidente ; il faut que l’utérus récupère avant de pouvoir être à nouveau fonctionnel.
On doit prendre cela en compte si l’on souhaite exploiter avec succès les chaleurs de poulinage. Le précédant poulinage ne doit pas avoir eu de complication, telle qu’une dystrophie, rétention placentaire, déchirure etc., et il devrait y avoir très peu de fluide dans l’utérus. Pour retarder les chaleurs de poulinage (ou toute autre chaleur), on doit utiliser des hormones. Je ne vais pas présenter l’aspect hormonal du cycle oestral de la jument ici, c’est un sujet assez long à développer, mais n’importe quel sélectionneur devrait avoir une bonne connaissance de ce cycle hormonal.
Les hormones le plus généralement utilisées pour manipuler le cycle de l’oestrus de la jument sont la progestérone (dans les marques – altrenogest – » Regumate « ); l’œstrogène, et la prostaglandine. Pour que la prostaglandine ait un effet sur le cycle oestral, elle exige la présence d’un corps jaune (Corpus actif Luteum (CL)) qui est attaché à l’ovaire après une ovulation, mais après le poulinage, la jument n’a pas de CL ( car elle n’a pas ovulé depuis longtemps), et cette hormone ne peut pas être employée pour manipuler l’oestrus à ce stade. L’une ou l’autre des deux autres hormones peut cependant être utilisée seule, ou en association. La progestérone ou le traitement » Regumate » (Altrenogest) débute le jour de la parturition, au dosage régulier de 150 mg/jour en intramusculaire pour la progestérone ou 0,44 mg/kg par jour oralement pour » Regumate » pendant une période de huit jours. Cela aura comme conséquence une reprise de l’oestrus approximativement 3 jours après la fin du traitement. Il faudra tenir compte de 5 jours de plus pour tomber sur le jour de l’ovulation, ceci signifie que la jument ne devrait pas ovuler avant 16 jours après le poulinage. Vous noterez que je dis » ne devriez pas « ! Car la progestérone seule ne supprimera pas nécessairement le cycle de la jument, elle peut immobiliser un follicule et un ovule prématuré. Au cas où ceci se produirait, il est bien d’injecter une dose de prostaglandine en même temps que la dernière dose de progestérone (au 8ème jour). (la prostaglandine agira alors s’ il y a un CL).
La progestérone et l’Estradiol 17 bêtas combinés n’est malheureusement pas disponible directement pour les éleveurs, mais le vétérinaire peut vous la fournir. C’est un produit injectable dosé en 150mg de progestérone, d’estradiol 17, de magnésium 10 bêta, par jour en intramusculaire. L’oestrogène supprimera le cycle normal de la jument, et ceci empêchera la formation d’un follicule. Le traitement a lieu pendant 5 jours, débutant le jour de la parturition. La jument n’ovule pas avant 10 jours après le commencement, et plus habituellement après le 13ème jour.
Voici donc les méthodes pour retarder le début de l’oestrus après parturition. Il y a une autre possibilité afin d’accorder plus de temps à l’utérus, il faut surveiller l’ovulation et injecter à partir de ce moment une dose de prostaglandine pendant 6 jours. Ceci aura comme conséquence une nouvelle oestrus 3 à 5 jours plus tard. On utilise ces hormones de gestion oestrale pour d’autres raisons. La jument qui a un » anestrus de lactation « , en d’autres termes qui semble ne pas avoir de phase d’oestrus tandis qu’elle nourrit un poulain, en est une. Certaines de ces juments ne montreront pas de » chaleurs de poulinage », ( voir article sur les chaleurs silencieuses) et puis aucune autre jusqu’au sevrage. Dans beaucoup de cas, la jument subit réellement » une chaleur silencieuse « , et ovule toujours. Avec une surveillance soigneuse, et la manipulation hormonale, il est souvent possible d’obtenir des juments pleines.
Note: L’utilisation des hormones devrait être faite seulement sous la surveillance d’un vétérinaire. Consultez avant de débuter n’importe quel de ces protocoles. Attention aussi, car les hormones utilisées dans la manipulation de la jument sont les mêmes hormones qui sont présentes chez l’homme, et elles peuvent être absorbées par la peau si renversées. Les gens sujet à l’asthme, les femmes enceintes doivent particulièrement faire attention en manipulant la prostaglandine. La progestérone ou le » Regumate » doit être manipulée extrêmement soigneusement par toutes les femmes pour éviter l’interruption significative du cycle menstruel.
par le Dr Jos Mottershead, DMV.