Acheter un cheval américain pour le loisir

Cet article traite des chevaux de loisir et non de compétition et se limite aux races quarter horse, appaloosa et paint horse.

 

1. Choisir la race

Paint, quarter ou appaloosa, c’est surtout une affaire de goût. Mais au-delà des différences purement esthétiques, il existe des caractéristiques spécifiques à chaque race.

Entre le paint horse et le quarter horse, il n’y a à priori pas de différence notable puisque le paint est un quarter avec trop de blanc. On a souvent reproché au paint d’avoir été sélectionné sur la robe plutôt que sur le mental ou les performances athlétiques, mais aujourd’hui les éleveurs privilégient le croisement paint x quarter et la qualité des paint horses s’est accrue.

 Poulains paint overo et appaloosa léopard
Poulains paint overo et appaloosa léopard

Le quarter horse est sans nul doute le plus grand athlète des trois, il « truste » d’ailleurs tous les podiums en équitation western. Rapide, maniable, capable accélérations très rapides, il sera votre monture idéale si vous aimez les chevaux sportifs, réactifs, qui ont « du répondant », et si vous souhaitez pratiquer la balade mais également faire quelques patterns de reining.

Quant à l’appaloosa moderne, issu de croisements avec le quarter horse, il ressemble de plus en plus à ce dernier (tout dépend du pourcentage de quarter contenu dans le pedigree).

Appaloosas "fondation"
Appaloosas « fondation »

L’appaloosa d’origine ou « fondation »est, lui, assez différent : s’il est moins agile et rapide que le quarter, il est en revanche plus rustique (alimentation, climat), plus robuste (pieds et membres notamment) et plus endurant (fibres musculaires spécifiques). La morphologie de l’appaloosa « fondation », plus proche de celle des chevaux européens que le quarter, en fait un bon prospect pour l’équitation classique (dressage et obstacle) et l’attelage.

Du point de vue esthétique, le quarter horse a l’avantage de la discrétion, tandis que posséder un paint ou un appaloosa, c’est comme avoir une « oeuvre d’art » dans son jardin…

2. Choisir le sexe

La demande pour les juments de races américaines est forte, aussi sont-elles rares et relativement chères, notamment lorsqu’elles possèdent une très belle robe. Les pouliches se vendent généralement jeunes et plus rapidement que les mâles, que l’éleveur devra souvent garder jusqu’à ce qu’ils soient débourrés et castrés.

Si elle est plus chère à l’achat, la jument présente l’avantage d’être un bon investissement puisqu’elle pourra vous faire quelques poulains (mais attention, cela représente une charge de travail et un coût non négligeable) ou être revendue comme reproductrice en cas de problème.

Juments appaloosa léopard et quarter horse blue roan
Juments appaloosa léopard et quarter horse blue roan

Côté caractère, si les juments ont leurs amateurs, elles ont aussi leurs détracteurs : humeur variable, caractérielles, souvent dominantes… Mais on rencontre également des juments particulièrement douces…

L’étalon, lui, s’il nécessite un peu plus d’autorité, a en revanche un caractère plus constant et prévisible que la jument. Néanmoins, même si les étalons de races américaines sont plus calmes et moins chauds que leurs homologues d’autres races, si vous n’avez pas prévu de faire saillir votre entier, castrez-le, cela vous simplifiera la vie (au pré, en balade avec des juments etc…).

Quant au hongre, le « troisième sexe », il est de l’avis général le plus facile à vivre.

Si vous souhaitez acheter un poulain mâle, n’hésitez pas à le castrer tôt, ce qui vous permettra de le mettre au pré avec des pouliches et de ne pas avoir à gérer de petits problèmes d’agressivité. En effet, un poulain mâle élévé sans compagnon de jeu (et de bagarre) aura vite fait de vous poser des problèmes.

Jeux de jeunes entiers
Jeux de jeunes entiers

Les jeunes mâles doivent grandir entre eux ou être castrés. Une castration précoce pratiquée depuis longtemps aux Etats-Unis (avant un an) n’est absolument pas nuisible à la bonne croissance du poulain.

3. Choisir l’âge

La plupart des cavaliers souhaitent acquérir un cheval de 5-6 ans, âge où le cheval bénéficie déjà d’au moins deux ans sous la selle, tout en ayant encore « toute sa vie » devant lui. Avant 5 ans, le cheval est considéré comme trop jeune et peu sûr, après 8-10 ans comme (déjà) vieillissant.

Mais les chevaux de 5-6 ans ne sont pas les plus faciles à trouver…Dès lors, trois possibilités s’offrent à vous :

a) Acquérir un cheval plus jeune

b) Acheter cher un cheval de 5-6 ans chez un professionnel

c) Racheter un cheval de 5-6 ans à un particulier

a) Acquérir un cheval plus jeune

C’est probablement la solution la plus sage si votre budget est limité. Le jeune cheval, peu exploité, présente l’avantage d’être généralement sain et de ne pas avoir acquis de mauvaises manières. De plus, contrairement à ce que beaucoup pensent, certains chevaux au mental très froid s’avèrent, dès leur débourrage vers 2 ans et demi, particulièrement sûrs et fiables en extérieur. Je préfère personnellement un cheval né avec un caractère particulièrement calme et docile, qu’un cheval qui a acquis cet état d’esprit à force de travail. Ce dernier, fiable avec un cavalier professionnel, pourra rapidement révéler sa vraie nature une fois dans les mains d’un cavalier moins confirmé.

Il est d’usage de débourrer les chevaux américains dans leur deuxième année, d’abord parce qu’ils sont précoces et ensuite parce que leur caractère est plus malléable à cet âge. Manipulé et éduqué depuis son plus jeune âge, le débourrage du jeune cheval américain se fait alors en douceur. Ainsi, à 2 ans et demi, le cheval américain (issu d’un élevage sérieux) a l’avantage de posséder de solides bases d’éducation et de bonnes bases sous la selle. On veillera néanmoins à ne pas acheter un cheval qui a trop travaillé à 2 ans : sa croissance n’étant pas terminée, il est préjudiciable pour sa santé d’aller plus loin qu’un simple débourrage à cet âge.

Pouliche paint de 2 ans débourrée au licol
Pouliche paint de 2 ans débourrée au licol

Aussi, lorsqu’un éleveur (sérieux) vous propose un jeune cheval débourré qui, selon lui, pourrait convenir pour un débutant et pour des disciplines telles que le trail ou le trec, allez le voir, c’est peut-être le bon !

Si votre choix se porte sur un poulain non débourré, renseignez-vous sur le mental de ses parents et de ses frères et soeurs déjà montés. S’il a un ou deux ans, il existe aussi quelques petites tests à faire pour tenter de mieux connaître son caractère (voir partie 4.). Mais n’oubliez pas que le caractère exceptionnel du cheval américain résulte pour moitié d’une sélection génétique et pour moitié d’une solide éducation. Si le poulain que vous achetez n’est pas éduqué, il faudra le faire vous-même ou vous n’aurez pas la monture calme et docile que vous espériez.

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Travail à pied avec des poulains

b) Acheter cher un cheval de 5-6 ans chez un professionnel

Ce cheval vous coûtera entre 5000 et 6000 Euros s’il s’agit d’un hongre quarter ou appaloosa, plus si c’est une jument ou si le cheval possède une robe rare et recherchée. Le paint horse est, lui, encore plus cher puisqu’un bel overo vous coûtera entre 8000 et 15000 Euros. Les chevaux destinés à la compétition western sont bien sûr plus onéreux.

Vous pouvez néanmoins acquérir un appaloosa ou un paint « solid » (unis, sans tâche) ou presque blancs à des prix plus intéressants, ces robes étant peu recherchées.

Vous pouvez également trouver des chevaux à des prix très inférieurs mais, méfiance, la qualité se paye. Un cheval ayant bénéficié d’une alimentation adaptée, du suivi d’un maréchal et d’un vétérinaire, d’une éducation et d’un débourrage de qualité, a un coût certain pour l’éleveur, coût qu’il doit répercuter dans le prix de vente. Acheter un cheval peu cher peut revenir à faire une bonne affaire, mais aussi à acquérir un cheval à problème. Les éleveurs qui « bradent » leurs chevaux ont forcément dû réduire leurs coûts et ont souvent négligé l’alimentation, le vétérinaire ou le maréchal au détriment de la croissance et de la santé future du cheval.

c) Racheter un cheval à un particulier

Soyez vigilant et essayez de connaître les motivations réelles de la revente, afin de ne pas acquérir un cheval à problème (caractère ou santé).

4. Choisir le mental

Les cavaliers de loisir cherchent généralement un cheval calme, docile, courageux, facile à vivre, qui leur permettra de randonner en toute sécurité.

Les lignées du cheval et surtout le comportement de ses parents et frères et soeurs vous donneront de bonnes indications sur le mental de votre futur cheval. Cela vous sera utile dans le cas où vous achetez un poulain ou si vous voulez vous faire une première idée avant de vous déplacer chez un éleveur éloigné.

Les lignées de ranch, les lignées « all around » et de trail, sont réputées être celles qui répondent le mieux aux exigences du cavalier de loisir. Ces chevaux de « travail » ont en effet été sélectionnés sur le mental. A l’inverse, on reproche souvent aux lignées de halter d’avoir été sélectionnées sur le modèle et les allures au détriment, peut-être, du mental et des capacités athlétiques. Quant aux lignées de reining et de cutting, les impératifs de la compétition ont conduit à produire des chevaux réactifs et fins, ayant du caractère, qui ne conviennent pas forcément à des cavaliers de tous niveaux.

Néanmoins, il y a beaucoup d’exceptions à ces « règles » et beaucoup de chevaux possèdent en fait un pedigree qui réunit des lignées très différentes.

Veillez à ne pas acheter un rebus de la compétition, un cheval qui parce qu’il n’est pas assez performant en reining sera classé « cheval de loisir ». Le véritable cheval de loisir possède de réelles qualités : il doit être sain, docile, calme et surtout pas « sur l’oeil ». Un cheval peureux pourra être « amélioré » à force de travail (de désensibilisation notamment, comme le pratiquent les « chuchoteurs ») mais si vous avez le choix, optez pour un cheval né courageux. Ce cheval devra par exemple accepter assez facilement de passer sur une bâche, supporter le contact d’objets inconnus sur les différentes parties de son corps. Autres petits tests à faire pour savoir si le cheval est bien disposé : se laisse-t-il toucher les oreilles, les mamelles ou le fourreau ? Monte-t-il facilement dans un van ? Vérifiez également qu’il ne tire pas au renard, qu’il donne bien ses quatre pieds et qu’il se laisse facilement attraper au pré. Comment réagit-il quand vous entrez dans son box ? Vous montre-t-il sa croupe ? Brossez-le : couche-t-il les oreilles ? Essaye-t-il de vous mordre ?

Méfiez-vous des chevaux qui n’ont peur de rien, ni de la chambrière, ni de vous : ils peuvent se révéler difficiles à convaincre lorsqu’ils ont décidé de faire ou ne pas faire quelque chose… Le bon cheval est à la fois courageux et respectueux.

 

Article rédigé par Nathalie Ostermann, élevage du Ranch Waldaecker
rw@waika9.com. Site web : http://ranch.waldaecker.waika9.com

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